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Le mercredi 7 septembre 2011 : Non lieu dans l’enquête sur Tchernobyl : le nuage radioactif n’aurait pas touché la France

mercredi 7 septembre 2011, par Emmanuel HOURDEQUIN

Ce matin (mercredi 7 septembre), la cour d’appel de Paris a tranché : il n’existe pas de lien entre le nuage de Tchernobyl et la multiplication des cancers constatée en France après l’explosion du réacteur. Verdict : non-lieu. L’enquête ouverte en 2001 est close. Et les poursuites contre le professeur Pellerin abandonnées. Les réactions ne se sont pas faites attendre…

26 avril 1986 : le réacteur n°4 de la centrale atomique ukrainienne de Tchernobyl explose à la suite d’un test de sécurité mal conduit. Une grande quantité de rejets radioactifs s’échappe dans l’atmosphère, contaminant une bonne partie de l’Europe. C’est la pire catastrophe nucléaire de l’histoire. Mais en France, les autorités minimisent l’ampleur de l’accident. On affirme même que le nuage radioactif, repoussé par les vents, ne touchera pas le pays. L’objectif est alors de ne pas effrayer la population afin que la filière nucléaire française ne soit pas remise en question.

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2001 : une enquête sur les conséquences du nuage de Tchernobyl en France est finalement ouverte après une plainte de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) et de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad). Les associations et leurs experts, parmi d’autres, avaient en effet analysé des traces de contamination sur le territoire, et constaté une augmentation des cancers, notamment en Corse. Le professeur Pellerin, ancien patron du Service central de protection contre les rayons ionisants (SCPRI), est lui mis en examen pour « tromperie aggravée » en 2006 (c’est lui qui avait affirmé que le nuage s’était arrêté à la frontière française).

7 septembre 2011 : la justice prononce un non-lieu général. Selon le Parquet, qui avait requis la fin de l’enquête, les analyses scientifiques versées au dossier ne permettent pas de conclure à un impact sanitaire de l’accident nucléaire en France. Aucun élément ne prouve non plus que le professeur Pellerin a menti ou dissimulé des informations. Les parties civiles veulent se pourvoir en cassation.

Eva Joly : « Un déni de justice »

« Ce non-lieu est un déni de justice pour les victimes de cette crise sanitaire, notamment pour les nombreuses personnes souffrant de troubles de la thyroïde », a lancé l’eurodéputée Eva Joly, candidate EELV pour 2012, dans un communiqué. « Dans le cadre de la campagne présidentielle, je proposerai une nouvelle législation qui tienne compte des risques sanitaires induits par de telles catastrophes. La justice ne doit plus être aux ordres et l’Etat doit prendre ses responsabilités lorsqu’il a failli, ce qui a été le cas lors de la catastrophe de Tchernobyl ».

Pour Noël Mamère, député EELV, cette décision judiciaire « prouve la force du lobby nucléaire dans notre pays […] C’est une preuve supplémentaire de la nécessité de sortir du nucléaire, qui est une industrie dangereuse et qui est basée sur le mensonge et l’omerta ».

Quant à l’eurodéputée EELV Michèle Rivasi, fondatrice de la Criirad, elle a déclaré sur France Info : « Je n’aurais jamais créé la Criirad si en tant que scientifique je n’avais pas vu qu’il y avait eu des retombées. Notamment que des gens avaient consommé des aliments contenant de l’iode radioactif et du césium, bien au delà des normes fixées ». Et d’ajouter : « S’il n’y a pas de justice pour toutes ces victimes, ça veut dire que nous ne sommes plus en démocratie dans le cadre du nucléaire ».

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