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L’ADEME présente… l’électricité 100% renouvelable !

vendredi 17 avril 2015, par Emmanuel HOURDEQUIN

L’agence gouvernementale avait annoncé une étude qui dévoile la photographie d’une France où l’électricité provient à 100% des énergies renouvelables en 2050. Elle est ensuite revenue sur sa publication en évoquant « la sensibilité du contexte politique de publication », pour reporter sine die sa sortie. Mediapart la rendait publique en révélant qu’un mix électrique 100% renouvelables est on ne peut plus sérieux et réaliste. Depuis l’ADEME l’a mise en ligne sur son site.

L’ADEME a pourtant pris le temps de consulter des acteurs institutionnels : le Ministère du développement durable et la Direction générale énergie – climat, des entreprises (GDF, EDF et le Réseau de Transport de l’Electricité, RTE), ainsi que des experts tels que NégaWatt ou Hespul, mais aussi des ONG telles que Greenpeace. C’est notamment RTE, le gestionnaire de réseau qui publie chaque année le bilan électrique français, qui a mis à disposition ses moyens pour simuler l’équilibre en temps réel entre l’offre de puissance et la demande, afin de s’assurer que ce réseau 100% renouvelables fournirait de l’électricité aux utilisateurs à toute heure (industries, TGV, entreprises, foyers…).

Ce n’est pas le sérieux de l’étude qui est remis en cause. C’est ce qu’elle démontre qui dérange l’industrie nucléaire dans le contexte de l’élaboration de la loi de transition énergétique qui, pour la première fois depuis 60 ans, choisira de fermer de réacteurs nucléaires en France.

L’ADEME fait pour la première fois l’inventaire du potentiel de renouvelables en Franceun potentiel quasi unique en Europelargement capable de répondre aux besoins en électricité du pays. D’autre part, ce système électrique renouvelable proposerait des coûts d’exploitation largement compétitifs par rapport à ceux du maintien d’un système nucléaire comme celui qui existe aujourd’hui.

L’étude ADEME établit un coût (hors taxe) de l’électricité d’origine renouvelable en 2050 compris entre 100 à 120€/MWh. Donc pas plus cher que le coût de l’électricité produite par le nucléaire de type EPR qui est déjà de 100 à 120€/MWh (avec un risque d’augmentation au regard des derniers événements sans compter le démantèlement, le stockage des déchets et les risques d’accident ou d’attentats non assurés …), ou par le nucléaire ancien rénové (133€/MWh).

Selon l’ADEME, en 2050, 250 à 300TWh d’électricité proviendront de l’éolien terrestre ou maritime. Cela nécessiterait d’installer 15 à 20 000 éoliennes terrestres, un objectif largement atteignable lorsque l’on constate que plus de sept riverains de parc éolien sur dix sont satisfaits de l’implantation des éoliennes.

C’est du côté de la production solaire que l’ADEME est plus prometteuse : entre 60 et 100TWh , selon ses estimations. La projection de l’ADEME est aujourd’hui tout à fait légitime au regard des de la forte réduction des coûts identifiés ces deux dernières années.

Le 19 mai le débat sur la loi de Transition énergétique reprendra à l’Assemblée Nationale et le texte devrait être voté en juillet. Il s’écoulera ensuite quelques mois avant la publication de la programmation pluriannuelle de l’énergie, PPE, qui décrira le plan d’actions du gouvernement jusqu’en 2018. Ce plan devra fournir les moyens pour accélérer le développement des énergies renouvelables et le nombre de réacteurs fermés pour atteindre 50% de nucléaire d’ici 2025, conformément aux engagements de M. Hollande.

Cette étude de l’ADEME montre qu’au sein même du gouvernement, plus personne ne peut ignorer le potentiel et les avantages des renouvelables et rester dans le déni des coûts incommensurables de l’inaction face aux énergies énergies fossiles (réchauffement climatique) et fissiles (déchets, démantèlement, accidents, contamination radioactive, cancers) en persistant dans nos erreurs du passé (en prétendant encore par exemple que le nucléaire est une énergie d’avenir ou que le diesel est bon et qu’il faut le subventionner en le détaxant comme le kérosène).

A l’heure de ce débat, il est plus que jamais crucial de mener avec transparence et rigueur un inventaire des coûts et des performances techniques des renouvelables, et de les comparer aux autres moyens de production d’électricité comme le nucléaire.

La conférence des Nations Unies sur le climat qui se tiendra à Paris (COP21) en fin d’année doit rappeler au gouvernement que la solution face aux dérèglements c’est l’action pour les renouvelables, et que cela commence au niveau national.

http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/rapport100enr_comite.pdf

http://www.ademe.fr

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