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Philae, le robot largué par la sonde Rosetta lancée par l’Agence Spatiale Européenne est posé sur la comète Tchourioumov-Guérassimenco

vendredi 14 novembre 2014, par Emmanuel HOURDEQUIN

Philae, l’atterrisseur de la mission Rosetta, s’est posé à la surface du noyau de la comète 67P le mercredi 12 novembre 2014 à 15h34 m 54 s UTC, 16h34 m 54 s heure de Paris. Le signal radio témoignant de cette réussite sans précédent est parvenu sur Terre peu après 16h03 UTC, 17h03 heure de Paris.

L’atterrisseur a donc été largué le 12 novembre à 8h35 m 33 s UTC, 9h35 m 33 s heure de Paris et le soulagement était palpable lorsque le signal de confirmation de ce largage a été capté sur Terre près de 28 min après.

Il a fallu attendre 11h UTC, 12h heure de Paris, pour que le contact soit rétabli avec Rosetta et pour que des données circulent entre Philae et la Terre via l’orbiteur. Ces données ont confirmé que les pieds s’étaient correctement déployés et que les instruments scientifiques fonctionnaient ce qui a pu être confirmé visuellement peu après avec la diffusion d’un portrait de Philae, réalisé par la caméra OSIRIS-NAC sur l’orbiteur, montrant Philae avec les pieds dépliés, ainsi que les antennes de CONSERT.

L’atterrissage sur le site Agilkia s’est produit après un peu plus de 7 h de chute libre pour Philae. Le contact avec la surface s’est produit à 15h34 m 54 s UTC, 16h34 m 54 s heure de Paris, mais les 2 harpons tirés sous Philae n’ont pas permis de l’ancrer solidement au sol.

Après plusieurs rebonds à la surface de la comète 67P sur quelques kilomètres et quelques heures, Philae s’est finalement stabilisé contre ce qui semble être un gros bloc ou une paroi et les caméras de CIVA ont pu réaliser des images de l’environnement de l’atterrisseur. Le coin rocheux, pas droit et mal éclairé, pose problème pour le rechargement de la batterie.

http://www.cnes.fr/web/CNES-fr/11553-gp-en-direct-le-point-sur-philae-aujourd-hui-a-midi-.php

http://www.cnes.fr/web/CNES-fr/11542-gp-en-direct-atterrissage-de-philae.php

C’est la première fois dans l’histoire spatiale que l’homme a réussi à faire atterrir un robot sur une comète. Opportunity et Curiosity ont été envoyés respectivement en 2004 et en 2013 sur Mars par la Nasa. C’est maintenant au tour de Philae d’avoir été largué par la sonde européenne Rosetta sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko (Tchoury de son petit nom).

Lancée en 2004, la sonde Rosetta a voyagé pendant 10 ans jusqu’à Tchoury, parcourant ainsi … 400 millions de kilomètres. Après une manœuvre complexe pour se placer en orbite au mois d’août, Rosetta a déployé ses 11 instruments scientifiques pour ausculter la comète, sa forme, ses rejets gazeux, sa surface et sa température. On sait ainsi qu’il fait très froid sur Tchoury, -70 degrés en moyenne. Nombreux sont ceux qui ont vu dans sa forme … un canard.

Philae pèse 100 kg sur la terre et 1 gramme sur Tchoury.

Philae (le nom d’une île du Nil) est restée jusqu’au mercredi 12 novembre 2014, 9 heures 30 dans le ventre de Rosetta, moment où elle a été larguée en direction de la comète. Elle a alors parcouru les 20 kilomètres qui la séparaient de Tchoury à une distance de 3,5 kilomètres heures.

D’une modeste taille (1m3) mais pesant tout de même 100 kilos, le robot risquait gros à l’atterrissage. En effet, la gravité particulière de Tchoury abaisse son poids à un gramme seulement, d’où le risque de le voir rebondir comme une balle en caoutchouc. C’est pour cette raison que les scientifiques l’ont équipé d’un propulseur à gaz froid pour le"plaquer" au sol, le temps qu’il enfonce ses harpons. Mais ce propulseur n’a pas fonctionné et les harpons n’ont pas pu s’arrimer correctement.

Au vu du relief accidenté de Tchoury, trouver un site d’atterrissage adéquat n’a pas été simple. Ce dernier doit en effet répondre à plusieurs critères. Il doit bénéficier d’un sol plat, entouré d’un relief dégagé afin de permettre au robot de communiquer facilement avec Rosetta. Le site doit aussi avoir un ensoleillement suffisant pour le bon fonctionnement des panneaux solaires tout en ayant des périodes nocturnes pour permettre à Philae d’étudier l’amplitude thermique entre le jour et la nuit. Le site finalement sélectionné, a été dénommé Aglikia (une autre île du Nil) et d’une surface d’un kilomètre carré, est situé sur la plus petite partie de Tchoury, la tête du canard en quelque sorte.

Une fois ancré dans Tchoury, Philae et ses 10 instruments auront du pain sur la planche. Fonctionnant pour une soixantaine d’heures sur batterie, il devra d’abord prendre une photo panoramique de son site, puis des photos du sol. Il lui faudra ensuite effectuer une rotation sur lui-même pour trouver la meilleure position possible afin de procéder au forage de Tchoury. Avec l’instrument SD2 qui ressemble à une perceuse améliorée, il explorera le sol, récupérera et analysera des échantillons. Une fois sa batterie déchargée, la mission n’est pas pour autant finie. Philae déploiera alors ses panneaux solaires pour poursuivre ses recherches.

Que peut nous apprendre la comète Tchoury ? Beaucoup de choses. Et cela a déjà commencé grâce à Rosetta qui l’a observée à 10 kilomètres de distance depuis plusieurs mois. Tchoury est un très gros caillou de 4 kilomètres de long. Les caméras de Rosetta nous ont déjà appris que sa surface est de couleur grise et en grande partie accidentée. On sait aussi qu’elle est composée en majorité de glace, qui fond au fur et à mesure que la comète se rapproche du soleil. Rosetta a également détecté les molécules situées dans les gaz dégagés par Tchoury : de l’eau, du dioxyde de carbone, du méthanol etc.

Connaître l’origine de la vie :

Le robot Philae, s’il arrive à fouiller les entrailles de Tchoury, nous en apprendra encore plus. Les comètes sont en effet les témoins de la création de notre système solaire il y a 4,56 milliards d’années. Les scientifiques espèrent donc apprendre beaucoup des constituants originels qui se sont agglomérés lors du Big Bang pour constituer nos étoiles et nos planètes. Et pourquoi pas enfin découvrir comment la vie a pu apparaître sur notre Terre ?

http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/11/13/philae-peut-transmettre-des-informations-tant-qu-il-dispose-de-puissance_4523384_1650684.html

http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/11/14/philae-debut-du-forage-incertitudes-sur-l-energie-du-robot_4523823_1650684.html

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