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Troisième volet du 5ème rapport du GIEC publié dimanche 13 avril 2014 sur le réchauffement climatique

lundi 14 avril 2014, par Emmanuel HOURDEQUIN

Le troisième volet du 5ème rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) vient de sortir. Il est très très très alarmant.

Pour résumer, il faut changer de paradigme économique. La croissance à tout prix sacrifiant l’environnement et la santé publique qui aveugle les économistes et les politiques du monde entier est complètement impuissante devant le réchauffement climatique (d’autant qu’elle en est la cause directe...) et mène tout droit à notre perte. C’est le symptôme d’un dysfonctionnement très grave de notre système économique et politique périmé. Au XXIème siècle, la croissance productiviste actuelle prédatrice et polluante sur une planète finie est complètement dépassée, imprudente et irresponsable.

Il faut découpler la croissance de la prédation des ressources fossiles responsable du réchauffement climatique et du cancer. Il ne s’agit pas forcément de "décroître" (bien qu’une croissance infinie mène à l’explosion et n’est pas signe de bonne santé mais d’instabilité) mais avant tout de croître plus proprement que maintenant et d’enfin distinguer la croissance sale (cercle vicieux et mortifère) de la croissance propre (cercle vertueux et salvateur), ce que refusent de faire nos économistes, nos gouvernants politiques et le MEDEF. La croissance polluante est suicidaire (un peu comme si on se mangeait soi-même pour grandir). En continuant comme maintenant, ça va nous coûter si cher qu’on va tous y rester. C’est ce que l’on appelle : "le coût de l’inaction". Ce coût est colossal, impossible à surmonter et nous ne nous en relèverons jamais. C’est ce que nous expliquent le GIEC et tous les scientifiques du monde entier et que nous savions (plus ou moins inconsciemment) depuis longtemps mais on préfère la politique de l’autruche par lâcheté et manque de courage bien caractéristiques de l’espèce humaine.

On ne sait pas faire de la croissance sans pétrole, sans charbon, sans gaz or les combustibles fossiles sont directement responsables du réchauffement climatique qui ne fait que s’emballer puisque notre consommation mondiale explose (Chine, Inde, Amérique Latine, etc...) et ne diminue pas, loin de là aux Etats-Unis, au Japon et en Europe.

Si rien ne change, la température va augmenter de 3 degrés dans 10 ans et de 6 degrés avant la fin du siècle. Les conséquences seront dramatiques et irréversibles. Le phénomène sera de plus en plus difficile à enrayer et coûtera de plus en plus cher à la collectivité (plusieurs centaines de milliards d’euros par an), dépassant très largement les bénéfices des sociétés privées d’exploitation des carburants fossiles (pétrole, charbon, gaz, gaz de schiste, huile de schiste).

L’économie doit absolument tenir compte des externalités négatives de la pollution. Il faut inclure dans le prix de l’énergie, le prix à payer pour réparer les dégâts, tout en sachant que si l’on ne fait rien, ces dégâts seront irréversibles (il faut internaliser les externalités négatives dans les prix de l’énergie aujourd’hui pour préparer demain).

Pour cela, la transition énergétique vers les énergies renouvelables, les économies d’énergie, la fin de la consommation effrénée de l’obsolescence programmée, du tout jetable, du gaspillage et de l’égoïsme individualiste est la seule façon de sortir par le haut de la pseudo "crise économique" dans laquelle nous sommes plongés depuis 1974 (40 ans). En réalité cette crise n’est pas une crise économique comme on a longtemps voulu nous le faire croire, c’est une crise énergétique (utilisation exclusive des énergies fossiles) et une crise écologique (prédation égoïste des ressources naturelles et de la biodiversité).

L’intérêt de la collectivité (santé publique, cancers) est systématiquement sacrifié devant les intérêts privés sur l’autel du Dieu Argent. L’humanité est au service de l’argent elle en est l’esclave et la victime. C’est pourtant l’argent qui devrait être au service de l’humanité et de la civilisation pour assurer sa survie, grâce à la protection de la santé (accès à la nourriture comestible, à l’eau potable et à l’air respirable, à l’éducation et aux soins) pour tout le monde. Sinon il faut supprimer l’argent et le PIB (produit intérieur brut) qui ne signifient plus rien sinon la mort (le cancer, la pollution et les catastrophes augmentent le PIB donc la croissance). Est-ce bien cela qu’il faut rechercher ?

Le GIEC préconise TOUTES les énergies décarbonées et bas carbone : énergies renouvelables de flux, éolien, hydrolien, solaire, biomasse, biogaz, la très controversée énergie nucléaire et les énergies fossiles avec capture et stockage du carbone. Parmi les autres voies à envisager, on mentionne le développement des marchés du carbone, la réduction des subventions aux énergies fossiles et la reforestation.

Sur le point précis du nucléaire, j’ajouterai qu’il est, certes, une énergie décarbonée (ou plutôt moins carbonée, à bilan carbone non nul pour le transport des combustibles, la gestion des déchets pour des siècles et des siècles et le démantèlement que l’on ne sait pas faire) qui lutte, d’une certaine manière (pas tellement à l’échelle de la planète et très mal, à mon goût), contre le réchauffement climatique mais il ne faut pas oublier que les centrales nucléaires en seront les premières victimes. Inondations et ouragans l’hiver (pouvant entraîner un accident comme Fukushima) et sécheresse l’été rendant impossible le refroidissement de ces énormes machines thermiques que sont les centrales nucléaires qui gaspillent plus de 80% de l’énergie nucléaire pour chauffer les petits poissons et les petites oiseaux et qui risquent d’exploser. Il faut en plus faire de la prédation d’uranium en Afrique en polluant son eau et son sol pour alimenter nos centrales. Que se passera t’il quand on aura tout pris ? L’EDF n’assure même pas ses centrales car les coûts des accidents sont si élevés (comme à Fukushima, de l’ordre de 700 milliards d’euros) que la collectivité devra payer (l’assurance donnera 70 millions tout au plus). On ne compte pas dans le prix du kWh électrique nucléaire payé aujourd’hui le prix du gestion des déchets nucléaires indestructibles sur des milliards d’années ni du démantèlement que l’on fera payer par les générations futures. Là encore, il faudrait internaliser les coûts externes dans le prix du kWh nucléaire et arrêter de tricher en occultant que l’on vit à crédit sur les générations futures et qu’on va leur empoisonner la vie pendant des siècles et des siècles.

Il faut arrêter de polluer et arrêter les technologies "irréversibles" avec impact lourd sur les générations futures. La Terre n’est pas à nous, nous devons la laisser propre à nos enfants. C’est une question morale, une question de survie de notre civilisation sur notre petite et belle planète Terre.

Nous n’avons pas de plan B, pas de planète de rechange. Nous devons arrêter de faire comme si nous avions 10 planètes Terre à notre disposition. Le productivisme, la croissance sale, le PIB, le sacrifice des intérêts de la collectivité devant les intérêts privés et l’argent sale, tout cela appartient au passé et n’a aucun avenir.

Emmanuel HOURDEQUIN

http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/13/une-revolution-economique-est-necessaire-pour-limiter-le-rechauffement_4400450_3244.html

http://www.developpement-durable.gouv.fr/Presentation-du-GIEC.html

http://www.huffingtonpost.fr/2014/04/13/rechauffement-climatique-argent-giec_n_5142212.html

http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Les-recommandations-du-GIEC-pour-limiter-le-rechauffement-climatique-2014-04-13-1135761

http://www.rfi.fr/science/20140413-rechauffement-climatique-le-giec-rappelle-urgence-agir/

http://emmanuelhourdequin.free.fr/spip.php?article92

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